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2016 - Journées du patrimoine : L'Hôtel de ville, depuis 1980, place du Mercadal

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Si Pamiers peut s'enorgueillir d'avoir su conserver ses archives – qui sont fort riches, il n'en est pas de même de son patrimoine bâti qui a fortement souffert et souffre toujours. De  ses nombreuses maisons de ville ne sont encore debout que les deux dernières.

 

Et pourtant la communauté de Pamiers était constituée avant 1227 ; Le 15 janvier de cette année là, l'abbé Maurin du Mas Saint-Antonin octroie en effet une charte de liberté et de coutumes à la ville dont le texte prouve qu'une communauté d'habitants jouissant d'une certaine indépendance existe déjà et que des consuls, librement élus y exercent des pouvoirs judiciaires. Nous ne connaissons pas la date exacte à laquelle les consuls ont commencé à administrer la ville mais nous savons, en revanche, comment se faisait leur élection. Au XIIIe siècle et jusqu'en 1340, les consuls étaient nommés directement par tous les chefs de famille (tot cap d' ostal). Ils sont alors  au nombre de 12. Une ordonnance des coseigneurs de Pamiers du 14 juillet 1345 les ramènent à 6, un par quartier : Mercadal, Villeneuve, Les trois barris, Roumengous, Le Camp, Loumet. Le système électoral choisi est assez compliqué Dans chacun des quartiers de la ville les probi homines, c'est à dire l'ensemble masculin des habitants  chef de famille nomment deux hommes capables et suffisants pour remplir la charge et font connaître leurs noms aux anciens consuls. Ceux-ci, à leur tour, nomment cinq hommes par quartier, qui choisissent celui des deux consuls proposés leur paraissant le plus méritant. Les trente habitants désignés par les consuls dans les six quartiers de la ville forment le conseil de ville, appelé de leur nombre, le Trentat. Ce type d'élection perdura avec des réformes minimes jusqu'au XVIe siècle, 1538 exactement -enfin dans les périodes durant lesquelles le consulat n'avait pas été supprimé par le pouvoir royal...Les consuls ainsi nommés ne le sont que pour une année seulement et le choix des habitants ou de leurs représentants n'avait pas à attendre d'être approuvé par les coseigneurs : il était définitif et souverain. Toutefois, il semble bien, d'après les chartes conservées que dès qu'une affaire importante se présentait (ce qui le plus souvent voulait dire qu'elle aurait des implications financières), tous les chefs de famille étaient convoqués à son de trompe et/ou par la cloche du Mercadal.

 

Mais où se tenait donc les réunions du conseil de ville ? Dans la maison de ville, la maison commune, qui est nommée familièrement le Trentat dans les délibérations municipales. Jules de Lahondès, dans les Annales de Pamiers publiées en 1882, le situe derrière l'église Notre Dame du Mercadal, au devant de l'entrée du couvent des Carmélites. Un siècle plus tard, François Baby, dans l'Histoire de Pamiers,indique qu' il se trouve à l'emplacement de l'actuel palais de justice. Dans le même ouvrage, quelques pages plus loin, Michel Détraz le place entre  la cathédrale et le Carmel.

Des recherches que nous avons menées depuis quelques années Alexandra Gueguen, la responsable du service culture-patrimoine de la communauté de communes et moi-même, ont permis de préciser avec certitude cet emplacement. Comme nous le verrons un peu plus tard, le bâtiment fut acquis durant la période révolutionnaire par plusieurs personnes successivement dont Thomas Lemercier Duchalonge, maître particulier des Eaux et des Forêts. Le terrain figure bien sur la matrice cadastrale (G 59 / 11) au nom de Lemercier comme maison et cour dans la section D  sous les numéros 2360 et 2361. Il figure toujours sur le cadastre en 1850. Une mutation du numéro 2360 intervient en 1857, la bâtisse, achetée par la mairie permet l'agrandissement de la rue. La parcelle 2361 passe au nom du Carmel en 1898 et est toujours donnée comme un jardin. Le Trentat a donc été démoli vers 1858 pour agrandir la voie publique (sic)  comme l'indiquent les plans d'alignement conservés aux archives. Il se trouvait bien derrière la cathédrale, en face du collège des Jésuites.

 

Pouvons-nous imaginer comment se présentait ce vénérable bâtiment qui fut la maison commune de Pamiers pendant plusieurs siècles ?  Le docteur Jacques Ourgaud qui fut maire de la ville et qui fit paraître en 1865 la première histoire de la ville sous le titre : Notice historique sur la ville et le pays de Pamiers  a  vu l'édifice in situ. Il en fait mention dans son introduction lorsqu'il campe le paysage dans lequel la ville va se développer et décrit le plateau qui domine la ville : avec son enceinte de murailles … ses portes dont les deux principales existent encore, … avec sa Curie enfin, son Trentat( congregati in domo communi Appamiarum vocata lo Trentat) que le temps avait teint de vétusté, siège des trente Scabins, syndics et consuls de la Cité et le lieu de tant d' Assemblées, dont les vastes salles, depuis longtemps muettes,redisaient à l'imagination les luttes et les résolutions solennelles de nos aïeux à travers les longues péripéties des siècles ; monument de la domination romaine, respecté des Barbares et démoli par nos édiles de la dernière République ! Cette belle envolée lyrique ne permet pas d'imaginer l'édifice. A la page 31 de son ouvrage, on peut lire, en revanche : Parmi es vieux monuments que nous avaient légués les Romains (sic), on remarquait, naguère, la Curie ou Trentat, grand édifice quadrangulaire, tout construit en brique, avec son larmier en tuiles romaines imbricées, et ses archivoltes. C 'était une construction fort modeste -ceci est certain. Jules de Lahondès puis François Baby l'ont bien dit. Il y avait là, bien sûr, la salle de réunion des consuls ou des syndics, durant les très longues années où Pamiers fut privée de consulat auxquels pouvait venir se joindre le conseil de ville. Mais cette salle devait avoir néanmoins des proportions modestes. Lorsque tous les chefs de famille sont appelés à donner leur avis, lorsqu'il y a de grandes et importantes réunions, elles ont lieu dans la cathédrale, sur la place du Mercadal, le plus souvent dans le réfectoire du couvent des frères prêcheurs, chez les Jacobins. Les lieux n'étaient sûrement pas confortables. Pourtant le conseil de ville se réunissait, été comme hiver, à 6 heures du matin et cette habitude perdura jusqu'en 1789. Le jour choisi est très souvent le dimanche, avant la messe donc. Les mentions concernant l'entretien de l' immeuble sont rares : le registre de comptes de l'année 1426 mentionne, à la date du 12 novembre l'achat d'une charge de paille de seigle mise au trentat, où se tient le conseil, afin que ceux qui y viennent n'aient pas froid. En 1444, le conseil décide d'acheter sept charges de bois pour se chauffer : c'est la première mention d'une cheminée dans la maison de ville. En 1541, durant le mois de septembre, le conseil achète à Jean Bensyer, chantre et chanoine de Clermont, une maison , dite la chantresse pour agrandir le Trentat. Il s'agit sans doute, d'après le nom, d'une ancienne salle de classe, comme il s'en trouvait à côté de toutes les églises d 'une certaine importance et dont le pré-chantre avait traditionnellement la direction. Le mobilier devait alors être des plus sommaires : des bancs réservés aux conseillers, des chaires (mi-fauteuils, mi-chaises) pour les consuls ou les syndics, des coffres fermant à clefs pour les archives et les sceaux. Très vite, on a aussi entreposé les armes dans la maison de ville, qu'elles soient offensives ou défensives. Il y avait aussi une geôle car les consuls avaient des pouvoirs de justice et de police. Un embryon d'administration municipale prend corps à partir de la fin du règne de Louis XIV. Il y a alors un concierge logé à la maison de ville (dans une seule pièce bien sûr, imaginez la loge d 'un pipelet parisien pour la taille mais dépourvue de tout élément d'hygiène et de confort). Il existe peut-être d'autres mentions concernant le Trentat dans les délibérations du conseil de ville et dans la série des comptes mais je n'ai pas encore terminé de les dépouiller.

 

Il existe toutefois une lacune dans cette belle série : elle est bien notée par André Denjean dans L'Histoire de Pamiers (p.380) : il n'existe plus de registre pour la période allant du 24 février 1790 au 17 avril 1794. Or, c'est dans les premiers mois de la Révolution que le Trentat est abandonné au profit de l' évêché. Voici ce qu'en dit A. Denjean dans un document que nous n'avons pas retrouvé Mme Torrès et moi-même : A la descente de la montagne ci-devant Castela, dans les bâtiments du ci-devant évêché loge l'administration du district (lettre de la municipalité du 2 septembre 1794). La vétusté de l'antique Trentat aurait été déclarée dangereuse en décembre 1791 et l'administration municipale se serait  installée, de son plein gré,  et comme nous le verrons mais sans en avoir demander l'autorisation aux nouvelles autorités dans une partie de l'ancien évêché, sis alors rue de l'Egalité (actuelle rue Charles de Gaulle), qui deviendra plus tard l'hôtel du Grand Soleil. On peut légitimement s'interroger sur l'état du bâti du Trentat en 1789 puisqu'il resta debout encore 50 ans et qu'il ne fut détruit que pour des raisons d'alignement. Une délibération municipale du 12 octobre 1817 nous apprend en effet que le Trentat  avait été acquis, avec ses dépendances, par M. Freyche à qui la famille Duchalonge le racheta un peu plus tard.

Voici donc la nouvelle municipalité installée, au moins à compter de 1792, rue de l'Egalité, dans le vieil évêché et ce pour des raisons assez obscures. Aucun acte public n'entérine ce transfert et quand ce dernier est vendu comme bien national le 13 avril 1795, la municipalité se transporte, toujours de son propre chef dans le nouvel évêché, celui que Mgr d'Agoult a abandonné et qui est l'objet de bien des convoitises : il paraît qu'il n'existe pas de remise de ce bâtiment, rappelle laconiquement une réponse du préfet de l' Ariège  à l'administration des domaines (AD09 4 N 10). Or si les hôtels de ville continuaient à appartenir aux villes et si elles pouvaient en disposer librement, il n'en était pas de même pour les biens du clergé, déclarés biens nationaux dès le 2 novembre 1789. La ville va devoir régulariser sa situation. Aucun des documents conservés n'indique que cela ait été fait, bien au contraire. Le registre de délibérations qui va de 1799 à 1826 et qui suit donc celui qui a disparu est émaillé des plaintes   de la municipalité sans maison commune : la ville n'a pas de maison commune, ni de corps de garde, elle est obligée d'affermer le local de l'évêché qui est éloigné du centre ville et dans un quartier abandonné. En 1800, la municipalité rêve d'aménager une vaste place dans laquelle se trouverait comprise la maison des citoyens (cette place verra finalement le jour des années plus tard : ce sera la place de la République) mais sans hôtel de ville.  En décembre 1804, le citoyen Vignes propose à la mairie d'acheter le communal dit le Bois de l' Evêque : cette vente lui donnerait la somme nécessaire à l'acquisition de cette maison commune dont elle a été dépouillée par le domaine national qui l'a vendu à son profit.  C'est la rengaine qui accompagne les plaintes des conseillers municipaux à la recherche d'une mairie, mais embusqués dans les locaux de l'évêché. L'affaire devient même franchement drôle : le 30 novembre 1817, les héritiers Duchalonge propose à la municipalité de racheter l'ancien Trentat pour le prix de 2400 fr. pour y faire l'hôtel de ville ou pour le démolir afin d'étendre la promenade. On nomme un agent voyer, Coma, pour étudier l'affaire : faut-il réparer le Trentat ou le démolir et transporter une nouvelle mairie à construire dans l'alignement du palais de justice ? Le préfet trouve cette acquisition très avantageuse pour la municipalité. Les membres du conseil sont, eux, divisés : le local de l'ancienne mairie ne leur paraît pas assez central pour satisfaire à leurs vœux … La proposition va faire long feu. Pourtant dès 1819, lors du vote du budget, il est signalé que la ville va devoir bientôt évacuer l'évêché car la ville va retrouver son évêque, ce qu'elle appelle bien sûr de tous ses vœux : considérant que l'évêché de Pamiers est destiné à remplacer trois évêchés supprimés sur le territoire du département (14 mai 1821). Une lettre du sous-préfet, en date du 27 janvier 1820 avait fait savoir que le ministère de l'Intérieur lui demandait de procéder aux travaux de reconstruction de la toiture de l'évêché. Il faut que la municipalité signe avec le département un procès-verbal de prise de possession dans lequel il pourra être stipulé que la mairie continuera à occuper une partie du bâtiment jusqu'à l'époque où le placement d'un évêque nécessitera son évacuation, ce qui fut fait.

 

Lors de la séance du 29 décembre 1822, le maire fait savoir qu'il a reçu l'ordre d'évacuation de la mairie  et tout ce qui en dépend dans un autre local que le conseil est autorisé à affermer jusqu'à ce que la ville puisse acquérir un local propre afin de libérer les lieux dans les meilleurs délais pour Mgr de Latour Landorthe . Falentin-Saintenac a donc loué un local assez vaste …. dans une partie du  bâtiment de l'ancien évêché. Les archives ont conservé copie de ce bail du 22 décembre 1822, passé entre Jean-Baptiste César de Falentin-Saintenac, maire et Raymond Azéma, professeur de l'école secondaire et dame Germaine Huc, veuve Sans (le vieil évêché avait été vendu à la découpe) . Nous allons nous arrêter sur ce dernier un instant car il permet de comprendre ce qu'était une mairie de la taille de Pamiers dans les années 1820 : la municipalité loue pour une durée de trois ans et pour une somme globale de 330 francs une partie du vieil évêché à savoir une grande pièce avec décharge attenante pour le logement du concierge, une pièce dite boutique destinée au corps de garde, avec entresol supérieur pour salle de discipline, une cave à usage de bûcher, à l'étage, une chambre pour le magasin d'armes, une autre chambre donnant sur la rue des Nobles pour le placement d'armoires pour les archives, une grande salle sur cour avec cheminée, tenture en papier et parquet destinée aux assemblées communales, une deuxième pièce pour bureau, une petite pièce attenante destinée au bureau particulier de M. Le Maire, enfin l'usage des latrines au jardin pour les employés de la mairie.

 

Cela faisait plus de trente ans que la ville était sans maison commune : la situation ne pouvait pas perdurer, le sage Jean Baptiste César de Falentin Saintenac l'avait bien compris. En 1827, le maire entame des pourparlers avec Emile Vignes, avocat à Toulouse à qui il va acheter une maison, située sur la place du collège pour en faire un hôtel de ville. Cette acquisition coûte 12000 francs à la ville. L'achat est autorisé par l'Etat (signature royale de Charles X) le 13 mars 1928. On conserve un état des lieux de  la maison au moment où la ville va y établir la mairie : c'est une petite maison de ville à deux étages, bien rendue par l' aquarelle de Durieux, les archives en ont conservé les plans ainsi que le devis des travaux à exécuter pour établir au rez-de-chaussée la justice de paix, le corps de garde, une salle de discipline et au premier étage la salle du conseil, le cabinet du maire et quelques bureaux dont celui du commissaire de police. L'état des lieux montre qu' ils présentaient plus de confort que les pièces louées dans le vieil évêché : le rez-de-chaussée était largement occupé du temps d' Emile Vignes  par un petit salon à manger en angle, bien éclairé avec placards, fontaine en marbre et glaces, une dépense, un vestibule d'entrée, un corridor, une cuisine, un escalier principal et un escalier dérobé qui donnait dans la cuisine et une pièce obscure qui donnait dans la cave. A l'étage, étaient les appartements en très bon état avec fenêtres vitrées, placards, beaux planchers, cheminées en marbre. Il y avait trois pièces plus simples au second étage et quatre petites chambres de domestiques. Il faut ajouter le grenier. Les services municipaux vont demeurer dans cette maison jusqu'à la fin du XIXe siècle mais ils s'y sentiront très vite à l'étroit car ils vont aller en s'étoffant. Pour être plus à l'aise dans ces murs, les services administratifs naissants de la mairie vont dans un premier temps pousser dehors la justice de paix et le commissariat de police ( services qui dépendent de la municipalité). Dès 1839, le conseil municipal approuve la location d'une grande salle du bâtiment dit salle d'asile (les Capelles) dans laquelle le juge de paix pourra tenir ses audiences.

 

Puis, en 1891, c'est l'accident : une tour adjacente est démolie et cela cause l'ébranlement des murs de la mairie. La tour dont il s'agit doit être la porte de Villeneuve, elle est bien visible sur le plan d'alignement de 1879 qui demande sa démolition et se retrouve dans les matrices, au quartier de Villeneuve. Les soubassements devaient en être importants et leur éradication, dans un effet domino a fragilisé la mairie qui est totalement démolie en 1896 et dont les matériaux récupérés sont mis en vente par la municipalité.

Se retrouvant ainsi à la rue, les services municipaux, le conseil municipal en tête, recherchent un point de chute La délibération du 25 février 1892 examine les locaux favorables à l'installation provisoire de la mairie : la salle d'asile, l'ancienne école des Vékissses, et une maison de la rue Bayle où il serait possible d'installer convenablement les services et que la commission ad hoc a visité.La ville va louer cette maison à un certain Piquemal d' Escosse pour la somme de 500 francs par an. Le poste de police ne peut toutefois pas s'y installer et part dans l'ancien corps de garde. Cette solution provisoire reçoit l'agrément du préfet en mars : elle ne contrarie pas les habitudes de la population étant donné sa proximité de l'ancienne mairie. L'emplacement de cette dernière est vendu à la Caisse d' Epargne et l'architecte fuxéen Emile Sauret, qui a travaillé entre les années 1890 et 1920 y construit alors le bâtiment que nous connaissons et qu'il a signé, sur le coté gauche de l'aile droite. La caisse d'épargne fut inaugurée en grande pompe le 30 juillet 1911 lors de la célèbre venue de Delcassé à Pamiers.

 

Restait au conseil municipal à se loger plus dignement. Ce fut chose faite dès le 13 février 1903, soit dix ans plus tard. Il revient au nouveau maire, Eugène Soula de signer l'acte d'achat avec Charles-Marie-Peitevin de Saint-André, propriétaire à Montpellier. La mairie devient propriétaire du bel hôtel particulier et du parc de la famille Duchalonge, que lui avait laissé en héritage Pierre, Marie, Auguste Duchalonge., docteur en droit, propriétaire décédé le 24 mai 1897. La propriété occupe tout un pâté de maison à Pamiers, entre la place des Capelles, la rue de l'Echo, la rue du Touronc et la place du marché au bois. L'acquisition est faite au prix de 1126 francs. Le conseil municipal avait décidé cette installation un an plus tôt mais il y avait eu des travaux à faire pour transformer cette demeure bourgeoise en hôtel de ville. C'est à cette occasion que fut ajouté le fronton en façade principale munie d'une horloge surmontée d'une cloche, puis le jour de l'inauguration la plaque de marbre qui orne toujours l'entrée de l'actuelle médiathèque. Pour ceux que cela intéresserait l' hôtel n'appartint pas longtemps à la famille Duchalonge, Pierre, Marie, Auguste l'avait acquis lors d'une adjudication à la suite de la saisie des biens de Joseph Allaux-Crubaille en février 1850. Le conseil municipal et les services municipaux y vécurent les heures tragiques des deux guerres mondiales et y restèrent 80 ans.

En 1980, en effet la ville déménage une nouvelle fois.La municipalité a en effet racheté en 1975l'immeuble occupé par la Banque de France depuis avril 1921, place du Mercadal. Il s'agit, vous l'aurez compris, de l'ancien palais épiscopal, le nouvel évêché, rebâti après les troubles religieux des XVIe et XVIIe siècle, en partie avec des matériaux de réemploi. Les travaux avaient commencé sous Mgr de Caulet, ils furent poursuivis sous l'abbé de Camps mais la construction ne fut achevé que grâce à la générosité de Mgr de Verthamon. Mgr de Latour Landorthe s'y était installé en 1823, en en faisant partir les services municipaux. En 1906, Mgr de Rougerie dut à son tour quitter les lieux qui furent remis au département de l' Ariège. En 1913 le conseil départemental céda à la ville de Pamiers quelques établissements cultuels non revendiqués par des associations comme, par exemple le grand séminaire, destiné à l'installation d'un lycée de jeunes filles. La ville racheta aussi l'évêché pour 20140 francs. Elle revendit à son tour en avril 1921 à la Banque de France pour 140000 francs ce grand immeuble situé dans la ville de Pamiers, place du Mercadal, rue du Porche et rue du Pont Neuf, dit l'évêché. La succursale appaméenne devait fermer en 1975. Dès 1970, la Banque de France engagea des pourparlers pour vendre cet immeuble exceptionnel qui ne pouvait intéresser qu'un nombre restreint de personnes. Le 27 mars 1975 le maire, Gaston Bareilles, rachète les locaux pour la somme de un million 250 000 francs. La ville prend possession des lieux le 16 mai 1975 à 15 heures. Après 5 ans de travaux dirigés par M. René Laberty, architecte, la mairie emménage dans les nouveaux locaux en 1980, l'inauguration a lieu avec faste et pompe, le 16 novembre1980. Les services municipaux, pour la plupart y travaillent toujours. Pour un visiteur se promenant place du Mercadal, l'actuelle mairie est d'abord un bel hôtel particulier du XVIIIe siècle avec une très belle grille de fer forgé aux armes de Jean-Baptiste de Verthamon, composé au fond d'une cour fleurie d'un corps de bâtiment à un étage avec combles encadré de deux ailes ; des chapiteaux corinthiens encadrent les portes d'entrée. Le rez-de-chaussée (on y accède par une porte portant en carolines majuscules Bureaux) est réservé aux services. Les bureaux sont entièrement modulables par le biais de cloisons mobiles et ouvrent sur le couloir par des guichets qui ne sont pas sans rappeler ceux d'une banque ou de La Poste. Un très bel escalier en fer forgé mène au premier étage où se trouve la salle du conseil municipal, la salle des mariages et les salons de réception qui ont été casés dans l'ancien appartement du directeur de la Banque de France. Rien dans ces dernières, mis à part quelques bustes de la République ne rappellent la fonction des lieux. D'ailleurs presque rien ne rappelle la fonction de l'édifice à part une modeste mention : hôtel de ville. Les services de l'état civil vous accueille avec l'inscription : Concierge. Pas de drapeau, pas de devise républicaine. Seul le square situé devant l'entrée des bureaux, dit du 14 juillet rappelle ici la République. Sur le bord un drapeau tricolore a dernièrement été installé. Sur la façade du coté du lycée Pyrène, un drapeau tricolore signale seul que cet hôtel est un bâtiment administratif. Bel immeuble donc, adapté à sa fonction administrative mais dans lequel les symboles républicains sont quasi-absents. C'était bien là la volonté de Gaston Bareilles telle qu'il l' a indiqué dans son discours d'inauguration : conserver la qualité architecturale des lieux et la beauté du site. Il est vrai que nous alors alors en 1980, année que le Président de la République avait déclaré : année du patrimoine.